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Brendan Chardonnet : « Je devais changer quelque chose »

À 25 ans, il fait aujourd’hui partie des meubles au Stade Brestois. Brendan Chardonnet n’est pas le plus âgé du vestiaire mais assurément le plus ancien. Lui qui a longtemps eu le rôle du remplaçant avoue volontiers avoir eu besoin de modifier sa façon de faire pour tenter de passer un cap et afficher davantage d’épaisseur, loin de l’image du jeune joueur local que beaucoup encore lui collent.

 

« Brendan, tu l’attendais de quelle manière cette reprise si particulière ?
- Il y avait surtout de la hâte, de mon côté en tout cas. Même si pendant le confinement et le déconfinement on a pu bosser à la maison, courir, faire de la muscu, rien ne remplace le ballon et la vie de vestiaire. J’avais vraiment envie de retrouver ça.

- De ton point de vue d’homme, pas seulement de footballeur, il te fait peur ce virus ?
- Disons qu’on est dans une zone où il n’y a pas beaucoup de cas, on a l’impression de ne pas vraiment être dans la réalité. En Bretagne et dans le Finistère, on est au bout du monde et j’ai notamment eu cette chance qu’aucun de mes proches n’ait été touché par ce virus. Et tant que ça ne nous arrive pas, on ne se rend pas totalement compte. Donc je n’ai pas vraiment peur mais c’est sans doute parce qu’ici on est loin de tout.


- Et tu l’imagines comment cette saison ? Tu ne crains pas des problèmes en pagaille ?
- Non, je n’ai pas de craintes à ce niveau parce que les personnes compétentes ont eu le temps de réfléchir à ça. Je pense que tout va pouvoir se dérouler. Il y a aura bien sûr des règles à respecter, surtout en dehors du terrain, mais ce n’est pas le plus compliqué. On les applique déjà au centre d’entraînement, on porte le masque, on n’a pas le droit d’être plus de 6 ou 7 en salle de muscu…etc… On fait tout ça volontiers, ce ne sont pas de grosses contraintes non plus. Porter un masque pendant une demi-heure, ce n’est pas la fin du monde, certains doivent le garder toute la journée !

- Tu es le plus ancien du vestiaire et on a l’impression que tu as fait évoluer certaines choses chez toi depuis quelque temps…
- Oui, je suis plus calme, plus mature, moins foufou. J’ai compris que footballeur, ce n’était pas qu’une passion, c’était aussi un métier. Avant, je prenais ça beaucoup à la rigolade, même si je bossais quand même. Je n’étais pas dans l’optique de faire une longue carrière. Aujourd’hui, le foot c’est à fond, même en dehors du terrain. C’est ça qui me manquait. Par exemple, pendant le confinement, on a bien bossé au Conquet avec Gautier (Larsonneur), on a pris de la masse musculaire, je sentais que c’était nécessaire.

- Et qu’est-ce qui t’a fait changer de comportement ?
- Pas un événement en particulier. J’en avais juste marre d’être le « remplaçant de luxe ». J’étais principalement sur le banc et quand j’avais l’occasion de jouer, ça se passait bien les trois quarts du temps, mais je n’enchaînais pas. Avec chaque coach, c’était comme ça. À un moment donné, je me suis dit qu’ils n’étaient peut-être pas en tort s’ils agissaient tous de la même manière. Alors je devais changer quelque chose, modifier cette image qu’ils avaient de moi. Je sens le changement aujourd’hui, je me suis vraiment pris en main.

- Ça t’énerve d’être toujours considéré par certains comme le petit jeune du groupe ?
- C’est bizarre, oui, parce que je vais avoir 26 ans en décembre, je suis dans le groupe pro depuis 2012/2013, le plus ancien actuellement. Beaucoup de supporters me voient encore comme le petit jeune du coin. C’est affectueux mais je voudrais être considéré comme un joueur normal, qu’on me juge comme ça. Je veux m’imposer comme un taulier, avoir des responsabilités, c’est ce que je demande. Je ne force pas ma nature non plus mais pour réclamer des choses, il fallait aussi attendre mon heure, d’autres tenaient ce rôle très bien. Beaucoup sont partis aujourd’hui donc c’est à nous, les « anciens jeunes », de reprendre le truc ».

13 juil. 2020